La série des Prix Nobel a commencé et avec elle, les statistiques sur les Israéliens ou juifs qui le recevront.
La semaine avait plutôt mal commencé pour Israël avec la déception du prix Nobel de médecine, décerné lundi aux Américains James E. Rothman et Randy W. Schekman ainsi qu'à l'Allemand Thomas C. Südhof. Déception donc pour les deux chercheurs israéliens Aharon Razin et Howard Cedar pourtant annoncés comme susceptibles de le récolter pour leurs travaux sur les changements dans la séquence d’ADN à la suite du processus de méthylation - une réaction chimique dans laquelle le méthyle rejoint la séquence génétique. Un processus qui affecte 40 000 gènes du corps humain et agit comme un interrupteur permettant ou non l'expression des gènes dans chaque cellule.
Demi-déception (ou demi-satisfaction selon qu'on voie le verre à moitié vide ou à moitié plein) ensuite pour le prix Nobel de physique décerné à Higgs et Englert pour leurs travaux sur le boson (appelé justement le Boson de Higgs et annoncé depuis des mois comme le favori incontestable pour le Nobel). Demi-déception ou satisfaction en effet car Englert est en fait un professeur invité à l'université de Tel Aviv, mais belge de nationalité. C'est aussi un rescapé de la Shoa. Les deux hommes, Englert et Higgs, âgés respectivement de 80 et 84 ans sont récompensés pour leurs travaux sur la découverte théorique d'un mécanisme qui contribue à notre compréhension de l'origine de la masse des particules subatomiques, et qui a récemment été confirmée, a annoncé le comité Nobel dans un communiqué. Le boson de Higgs est considéré par les physiciens comme la clef de voûte de la structure fondamentale de la matière, la particule élémentaire qui donne leur masse à nombre d'autres selon la théorie dite du Modèle standard. Il explique notamment pourquoi certaines particules ont une masse et pas d'autres, et par conséquent pourquoi l'Univers existe tel que nous le connaissons. Sans lui, nous n'existerions pas, a constaté le comité Nobel dans son communiqué. François Englert fut le premier, conjointement avec son compatriote Robert Brout, décédé en 2011, à travailler sur le sujet. Puis Peter Higgs fut le premier à écrire en 1964 que seule une nouvelle particule pouvait expliquer ces anomalies constatées sur la masse des particules. En juillet 2012, le Cern (l'Organisation européenne pour la recherche nucléaire) annonçait avoir probablement découvert le fameux boson de Higgs, confirmant la théorie des physiciens, même s'il reste encore une possibilité officiellement qu'il s'agisse en fait d'une nouvelle particule (comprenne qui pourra).
Puis la grande satisfaction est venue une fois de plus de la chimie, où les Israéliens semblent exceller depuis plusieurs années, avec plusieurs prix Nobel. En effet, Michael Levitt and Arieh Warshel, deux des trois scientifiques qui ont remporté le prix Nobel de Chimie, sont Israéliens.
"Vous faites de grandes choses et nous sommes fiers de vous", a affirmé M. Netanyahu, selon un communiqué de ses services, à son interlocuteur lors d'une conversation téléphonique avec le Pr Warshel.
Le président israélien Shimon Peres, lui-même Prix Nobel de la Paix, a également félicité le Pr Warshel "au nom de l'Etat d'Israël et du peuple juif".
Mais cette satisfaction ne peut pas être totale ...
Car le prix Nobel de ces deux chercheurs ont également révélé l'état difficile et alarmant de l'université et de l'académie israéliennes. En effet, le célèbre Institut Weizmann n'a proposé aucun poste à ces deux grands chercheurs pourtant porteurs de résultats. Ces deux prix Nobel participent en réalité à la fuite des cerveaux israéliens vers les Etats-Unis, où ils obtiennent des postes permanents et sont mieux payés. Une étude officielle vient d'ailleurs d'etre publiée à ce sujet qui souligne que 1 universitaire israélien sur 4 préfère poursuivre sa carrière dans les universités américaines plutôt que de rester en Israël.
Warshel est en effet professeur émérite de chimie et de biochimie à l'Université de Californie du Sud et est devenu le 6ème Prix Nobel né en Israël.
Il est né en 1940 dans un kibboutz du nord d'Israël, et vit depuis 1976 aux Etats-Unis. Interrogé par le journal Haaretz sur les raisons qui l'ont poussé à se rendre aux Etats-Unis, il a expliqué avoir du quitter son pays car il n'avait reçu aucun un poste à l'institut Weizmann.
"Une partie de moi est israélienne et mes filles parlent hébreu", a expliqué le chercheur qui a étudié à l'Institut du Technion après avoir servi dans l'armée israélienne (où il était capitaine). Il a obtenu une maîtrise et un doctorat en chimie physique (respectivement en 1967 et 1969), à l'Institut de Sciences Weizmann .
Quant à Michael Levitt, il partage sa vie entre les Etats-Unis et Israël.
Les trois prix Nobel de chimie de 2013 |
Selon sa famille, Warshel, qui a travaillé en Israël entre 1972-1976 a émigré aux Etats-Unis, parce qu'il "n'arrivait pas à progresser suffisamment dans le milieu universitaire israélien", a indiqué sa femme à la radio israélienne.
Né en Afrique du sud, 'il a fait son "Aliya" en 1983. Il s'est marié avec une israélienne et possède un passeport israélien. Après avoir travaillé comme chercheur à l'Institut Weizmann; il est parti à l'Uuniversité de Stanford.
Les trois lauréats MM. Karplus, 83 ans, Levitt, 66 ans, et Warshel, 72 ans, ont réussi à faire cohabiter dans l'étude des processus chimiques la physique classique newtonienne avec la physique quantique, qui répond à des règles fondamentalement différentes.
Restent encore à attribuer plusieurs prix, notamment le prix Nobel de littérature et le prix Nobel de la paix.
En littérature, le Japonais Haruki Murakami, l'Américaine Joyce Carol Oates puis, beaucoup moins connus, le Hongrois Peter Nadas et le Norvégien Jon Fosse, sont les favoris. Aucun Israélien n'est susceptible de l'emporter cette année. Même chose pour le prix Nobel de la Paix. La jeune pakistanaise qui a survécu après avoir reçu une balle dans la tête de talibans qui voulaient stopper son combat pour l'éducation des filles, fait débat en raison de son jeune âge. Vladimir Poutine a également été évoqué pour son rôle dans la crise en Syrie, mais en dehors de Russie, cette proposition apparaît comme une mauvaise blague compte tenu du rôle de la Russie dans le soutien à Assad. Ceci étant, Barack Obama a reçu le Prix Nobel de la Paix sur la simple base d'un "nouvel environnement mondial" et pourtant, incapable de réagir aux conflits dans le monde, il a laissé faire une guerre comme celle de Syrie, qui a fait plus de mort que la guerre en Irak.
On ne voit donc pas pourquoi Benyamin Netanyahou ne pourrait pas recevoir le prix Nobel de la paix pour le fait de ne toujours pas avoir attaqué l'Iran pour son programme nucléaire et les menaces proférées par ses dirigeants.
Enfin, c'est une autre histoire.
Misha Uzan, fondateur de CulturËl, éditeur et chef d'équipe web à i24news, rédacteur en chef de Citizenkane.fr, auteur et journaliste pour de multiples médias
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