Publié le 3 mars sur http://un-echo-israel.net
On les appelait parfois les frères juifs. Rien à voir avec un groupe politico-religieux, une confrérie d’extrémistes ou un mouvement de protestation. Il s’agissait simplement d’un groupe de musique. De leur vrai nom Salah et Daoud Ezra, les deux frères étaient des musiciens juifs nés au Koweït d’une famille d’origine irakienne. De par leur pays de naissance ils se sont donnés le nom de scène de Frères Salah et Daoud al-Koweïti, c’est-à-dire les Koweïtiens. De par leur origine religieuse on les appelait aussi les Frères juifs. Car les frères al-Koweïti ont été de véritables stars en Irak et dans ce qu’on appelle le monde arabo-musulman. Dans les années 1930 ils montent leur orchestre et malgré la tension plus vivace qui touche déjà les juifs du pays, ils deviennent très vite un groupe établi appelé à jouer pour le roi d’Irak, mais aussi en Syrie, au Liban et en Egypte. La musique déjà, était l’élément réunificateur des peuples et des religions (voir dans ce sens le succès du clip israélien sur Khadafi).
Mais la musique n’est pas tout et des événements qui les dépassent ont rapidement rattrapé les frères Al-koweïti. A l’époque vit en Irak et principalement à Bagdad la plus grosse communauté juive du Moyen-Orient (Territoire d’Israël exclu), composée de plus de 100 000 âmes. La création d’Israël est ressentie comme un affront fait aux arabo-musulmans qui dominent toute la région, et entre 1948 et 1952 la communauté est vidée de ses membres. Il n’en reste plus rien aujourd’hui. C’est musicalement un désastre pour les frères Al-Koweïti : leur carrière en est presque arrêtée. Ils chantent en arabe et viennent d’un monde qui n’est encore que partiellement connu en Israël : celui qu’on appela bientôt le « second Israël »[1]. Dans les années 50 ils obtiennent une heure d’écoute toutes les deux semaines, en arabe, sur la radio Kol Israël, mais ils ne reçoivent pas l’attention qu’ils méritent. En Israël ils ne connaissent pas le succès auxquel ils auraient pu espérer. En Irak ils parviennent encore à se faire entendre à la radio au temps de la crise de Suez en 1956, mais les coups d’Etat se succèdent, le nationalisme arabe radical prend forme et enfin l’avènement de Saddam Hussein vient sonner le glas de toute trace des frères Al-Koweïti dans l’histoire de l’Irak. Il fallut attendre 2008, après la chute de Saddam pour qu’un programme télévisé en Irak les reconnaissent comme les musiciens qui ont le plus marqué le pays dans les années 1930 et 1940. Ce fut plus de 50 ans d’oubli pour les frères Al-Koweïti. Daoud Ezra, l’un des frères, ressentit si durement cet échec que dans la frustration qui fut la sienne il demanda à ses proches de ne pas devenir musiciens. C’est un conseil qu’un de ses petits-enfants, né trois ans après sa mort et qu’il n’a donc pas connu, refusa de suivre, au grand bonheur des oreilles israéliennes. Sur les pas de son grand père il est aujourd’hui l’un des jeunes chanteurs israéliens les plus respectés. Son nom : Dudu Tasa (Dudu comme Daoud son grand-père). Né en 1977, Dudu compose son premier album à 13 ans : « Aime les chansons ». En 2000 il sort son deuxième album et connaît le succès national. On lui doit depuis quatre autres albums et plusieurs tubes que tous les Israéliens connaissent presque par cœur ; parmi eux Ani Ratz/Je cours, Zouzi/Bouge, Ezé Yom/Quelle journée, Ha laïla lo/Pas la nuit et beaucoup d’autres. En 2003, à l’occasion de la sortie du film Au bout du monde à gauche, Dudu Tasa interprète pour la première fois une chanson en arabe Pog el Nahal, qui figure dans son troisième album « Mitoch Bheira/Par choix » sorti en 2003. C’est une chanson que lui chantait sans cesse sa mère dans son enfance, et qui fut écrite par son grand-père. Pour son septième album donc, en 2011, Dudu Tasa renouvelle l’expérience, revient aux sources comme le dit l’expression consacrée, et enregistre un album entièrement inspiré des compositions de son grand père et de son grand oncle. Ce dernier a écrit et composé toutes les chansons de cet album intitulé « Dudu Tasa et les Koweïtiens ». Dudu les a retouchées pour leur donner un son moderne. Sa mère Carmela Tasa chante aussi sur un des morceaux de l’album. On compte encore la participation de la chanteuse Yehudit Ravitz et de Bari Sahrof. On attend le premier clip avec impatience.
Voir les chansons de Dudu Tasa ci-dessous.
Pour en savoir plus sur l’auteur, voir son blog http://mishauzan.over-blog.com
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